Réutiliser les résidus de fabrication pour en faire de nouveaux produits, c’est tout l’enjeu des coproduits ! Une formidable opportunité pour les industriels de l’agroalimentaire de revaloriser certains aliments inemployés et voués à la destruction. Cette démarche est d’ailleurs déjà en expérimentation dans les Pays de la Loire. Point d’étape avec Viviane Kerlidou, chargée d’animation dans l’équipe du Technocampus Alimentation.
Les coproduits, de réelles opportunités de valorisation en alimentation humaine
Les coproduits dépendent d’une réglementation très précise. Le coproduit est une matière nouvelle qui va être créée dans le cadre du processus de fabrication d’un produit initial, mais qui ne répond pas aux spécificités attendues (forme, aspect…) et qui va être réorienté vers de la revalorisation :
- soit en étant réintroduit dans l’alimentation animale,
- soit en agriculture sous forme de fertilisant (épandage, compostage, méthanisation),
- soit, ce qui est beaucoup plus rare, réutilisé en matières premières pour l’alimentation humaine.
Un nouvel enjeu économique et de respect de l’environnement pour la filière agroalimentaire comme nous l’explique Viviane Kerlidou :
« Quand vous transformez des biscuits, il peut arriver que le produit ne soit pas conforme parce qu’il y a eu un problème technique sur la ligne de production. Trop souvent, il est mis de côté, alors qu’il y a des voies de réutilisation potentielle. »
Les compétences en région autour des coproduits
En Pays de la Loire, les recherches sur les coproduits se structurent essentiellement autour de deux voies de valorisation qui sont l’alimentation humaine d’une part et l’alimentation animale de l’autre, comme l’indique Viviane Kerlidou :
« Nous avons des compétences en région qui sont très intéressantes et notamment celle d’Oniris à Nantes, qui réunit l’École supérieure d’ingénieur alimentaire et l’École vétérinaire. Ils accompagnent de nombreux industriels sur le sujet de la valorisation des coproduits. Parmi leurs projets en cours, ils tentent de valoriser les coproduits issus de la boulangerie pour faire de la bière et inversement valoriser les drêches (résidu de l’orge, NDLR) qui sont issues de la transformation de la bière pour faire du pain. »
Quand on sait qu’en sortie de process de la fabrication de la bière, il ressort 20 % de drêches pour 80% de bière*, l’intérêt de valoriser ces coproduits prend tout son sens. D’autant que les drêches sont riches en fibres et naturellement pauvres en sucre, elles améliorent donc la qualité nutritionnelle du pain. De plus, il existe une vraie volonté sur le territoire de favoriser les circuits courts en faisant travailler les brasseurs artisanaux d’un côté et les petites boulangeries industrielles de l’autre.
Les limites des coproduits : les contraintes économiques
Seul frein à cette belle opportunité de marché de l’agroalimentaire, les contraintes économiques. En effet, dans l’exemple de réutilisation des drêches, avant de les réintroduire dans la fabrication du pain, il faudra sécher ce produit très hydraté. Une étape indispensable qui ne doit pas faire dépenser plus d’énergie que cela permet d’en gagner.
Il en va de même parmi les autres axes de recherche en cours, comme la valorisation des plumes, des coquilles d’œuf, de l’exosquelette des crustacés, soit pour en extraire des molécules d’intérêt soit pour les transformer en aliment. Des initiatives prometteuses, mais qui ont un coût comme le confirme Viviane Kerlidou :
« Sur la crépidule, un coquillage invasif présent sur la côte atlantique, il y a eu tout un travail de valorisation pour que ce ne soit pas juste un nuisible, mais pour que nous puissions le manger et pour réutiliser sa coquille broyée. Des solutions ont été trouvées, mais le principal problème concerne la viabilité économique : récupérer la matière première, la traiter, l’extraire… cela revient plus cher que de jeter le coquillage. »
Source : HSE Optimisation
Les chiffres qui parlent
Les coproduits sont une activité en plein essor dont le taux de croissance est de 5% pour les 10 prochaines années. Source : Pour Nourrir demain
En France, ce sont les secteurs de la viande, les fruits et légumes, les boissons et le lait. Source : De l’Idée à l’Aliment innovant
C’est moins de gaspillage alimentaire pour plus de performances (#çasuffitlegâchis) Les résultats sont concluants : – 15% des pertes en moyenne et 1,3 million d’euros de gains au total pour l’ensemble des entreprises participantes. Source : Ademe
Crédit photo : © J.C Druais